Après trois ans de coup d’État en Birmanie : “Nous espérons que cette année sera celle de la liberté”
Le mouvement de résistance est constitué d’une multitude de groupes armés ethniques et des PDF, les forces de défense populaire, une branche armée formée en réponse au putsch par le gouvernement d’unité nationale en exil. May s’est engagée dans l’insurrection il y a un peu plus de deux ans. Son bataillon est déployé dans la région de Sagaing.
Au sein de l’unité composée d’une soixantaine de jeunes – moyenne d’âge 25 ans – May s’occupe de la collecte de fonds: «Je suis chargée de trouver des financements et des donateurs pour notre bataillon. Pour ces jeunes urbains installés en pleine jungle les défis au quotidien sont immenses: «On subit des attaques de l’armée birmane par les voies navigables et terrestres. On vit dans la peur des frappes aériennes.
Un jour, notre campement qui était à ciel ouvert a subi des frappes intenses pendant une quinzaine de minutes, on avait nul part où se cacher. Autrement, on manque d’électricité et d’eau potable et il y a beaucoup de moustiques. Les routes aussi sont dans un très mauvais état*.»
Le bataillon de May a pris le contrôle de trois villes en [….] Mais il faut tenir.
On espère que cette année sera l’année de la liberté, en tout cas on fera tout pour. L’espoir de May est conforté par le soutien inconditionnel de la population locale qui aspire autant que l’alliance insurgée et les PDF à se débarrasser de la dictature militaire et à construire une démocratie fédérale. Des débris métalliques et des gravats entre les colonnes, c’est tout ce qui reste du poste de police de Mese, une ville birmane à une cinquantaine de kilomètres de la frontière thaïlandaise.
Les jeunes combattants locaux des Force de défense Karenni l’ont pris d’assaut et tué une vingtaine de représentants des forces de l’ordre birmanes. Fusil d’assaut à l’épaule, au milieu des débris Aung Naing, vingt-deux ans, se souvient des opérations: «Les soldats et les policiers étaient barricadés, là, à l’étage, ils nous tiraient dessus; ils refusaient de se rendre. Les échanges de tirs ont duré pendant trois heures, alors on a lancé deux bombes, qu’on avait fabriquées nous-mêmes avec du carburant, et puis on est entrés.
Les combats dans le reste de la ville ont duré un mois environ, puis la ville est tombée, les soldats birmans sont partis, mais on sait qu’on doit continuer à se battre.»
Trois ans après le coup d’État, les forces rebelles, mieux organisées, gagnent du terrain partout en Birmanie, surtout dans les zones frontières, où les armées ethniques ont désormais pris le contrôle des zones rurales et des villes principales. La junte n’a jamais été aussi affaiblie, mais la question de l’avenir politique du pays et d’un modèle de gouvernance qui pourrait convenir à plus de 140 groupes ethniques différents, reste entière.